Tabac et reconstruction

Tabac et reconstruction

La cigarette, mon meilleur ennemi

Arrêter de fumer avant une chirurgie de reconstruction ? C’est le moment ou jamais. Pourquoi ? Parce que tabac et reconstruction mammaire font mauvais ménage. Les données scientifiques sont unanimes : les effets du tabac sont néfastes et peuvent à eux seuls conduire à l’échec d’une chirurgie. Quelques arguments suivent et, surtout, des conseils et des idées pour vous accompagner dans cette courageuse démarche !

Pourquoi le tabac est à proscrire avant une intervention chirurgicale ?

Commençons par les choses qui fâchent : les effets délétères du tabac.
La nicotine, les monoxydes de carbone et d’azote, l’acide cyanhydrique … ce cocktail n’a rien de bon pour vous dans une perspective de reconstruction mammaire chirurgicale. Un chiffre : le fait d’être fumeuse vous expose à des complications de cicatrisation, bien plus (39%) que si vous ne l’étiez pas (26%).

  • Avec la nicotine, l’oxygénation des tissus diminue. De fait, les risques d’inflammation augmentent favorisant les maladies cardiovasculaires, les pathologies pulmonaires et respiratoires pendant l’anesthésie notamment.
  • La cicatrisation tissulaire et cutanée est mise à mal par la fumée que libèrent les cigarettes, aussi ‘légères’ soient-elles : le processus est plus long. On note plus de complications en micro chirurgie où les vaisseaux des patients fumeurs sont moins robustes : certaines sutures sont fragilisées. Des lambeaux cutanés peuvent se nécroser.
  • Les risques d’infection sont nettement augmentés.
  • Le temps d’hospitalisation chez la patiente fumeuse et le risque de transfert en réanimation sont doublés.

Le temps de sevrage idéal ? 6 mois avant l’intervention. La bonne nouvelle étant que les bénéfices de l’arrêt du tabac sur les troubles de la cicatrisation sont démontrés : plus l’interruption du tabac intervient en amont de l’intervention chirurgicale et plus grande sera la qualité de la cicatrisation. – C’est pourquoi les chirurgiens insistent particulièrement sur la nécessité d’arrêter de fumer au moins un mois avant d’être opéré.e.

N’oubliez pas ! L’arrêt du tabac réduit les risques

  • De complications chirurgicales : retard de cicatrisation, échec de reconstruction mammaire…,
  • De toxicité radio-induite sur la peau, le cœur…,
  • De second cancer.

    Si vous fumez, faites-vous aider par un professionnel de santé pour arrêter plus facilement.

Bon, maintenant on fait quoi et surtout … Comment ?

Votre décision est prise, vient maintenant la question de « comment je vais m’y prendre » ? Il s’agit d’un chemin très personnel. Mais là encore, personnel ne signifie pas solitaire ! Cherchez des solutions qui vous font du bien. Se priver de quelque chose que vous appréciez peut avoir une incidence sur le moral. Alors il faut tout faire pour réduire cet impact négatif !

  • Soyez franche ! Vis-à-vis de l’équipe médicale – chirurgien, infirmière, oncologue, anesthésiste … – ne cachez rien sous prétexte de culpabilité, cela pourrait nuire à votre santé. Osez dire que vous fumez à votre chirurgien, c’est le meilleur moyen pour, avec elle/lui, trouver l’accompagnement qui vous convient et vous adresser aux bonnes personnes. Votre médecin généraliste est également un interlocuteur de choix, n’hésitez pas à le solliciter pour avis, conseils, évaluation de votre niveau de dépendance et peut-être, accompagnement.
  • Ecoutez-vous. Vous êtes plutôt de nature radicale ? Vous préférez arrêter du jour au lendemain ? Libre à vous bien sûr de faire ce choix en connaissance de cause. Sachez qu’un fumeur voulant arrêter qui reçoit de l’aide et a plus de chances d’y parvenir que celui qui s’en passe. Le soutien psychologique ou l’accompagnement par un tabacologue est une composante fondamentale de la prise en charge : un lien de cause à effet a d’ailleurs été établi entre le niveau de prise en charge et le taux d’abstinence.
  • Prenez le temps dont vous avez besoin. Raison de plus pour aborder la question le plus tôt possible auprès de l’équipe médicale dans votre chemin vers une reconstruction par chirurgie. Votre sevrage sera progressif, accompagné par un professionnel spécialisé, personnalisé et plus durable dans le temps.
  • Et surtout, faites-vous aider. Vous pouvez bénéficier d’une prise en charge comportementale et/ou de la prescription de traitements nicotiniques de substitution (TNS) adaptés. Les chances de succès de cette courageuse entreprise n’en seront que plus grandes. Sur prescription, les substituts nicotiniques sont remboursés à 65 % par l’Assurance Maladie, le ticket modérateur pouvant être pris en charge par votre complémentaire santé.
    • Une thérapie de soutien peut être entamée avec votre MG. Selon sa formation, il peut s’agir d’un simple soutien psychologique ou d’une thérapie plus structurée comme les thérapies cognitivo-comportementales (TCC).
    • L’association Tabac Info Service https://www.tabac-info-service.fr/ vous offre une écoute téléphonique au 39 89, ligne ouverte de 8h à 20h, du lundi au samedi. Un conseiller prend en charge votre appel, répond à vos premières questions. C’est lui qui, si vous le souhaitez, vous met en relation avec un tabacologue pour un bilan personnalisé et un suivi. Ces entretiens sont gratuits. Le site propose d’autres services : l’accompagnement personnalisé par des outils d’auto-support, programme de coaching personnalisé par courriel.
  • Impliquez votre entourage. Les professionnels de santé c’est bien, mais n’oubliez pas que la famille et les amis ont aussi un rôle à jouer ! Associez vos proches à votre démarche : créez la pause ‘café-sans-clope’ ou lancez ‘le défi collectif de l’année’ à vos « copines » pour que personne ne fume en votre présence…
  • La pratique sportive, aussi modeste soit-elle, peut vous aider. Le sport occupe le temps, réoxygène votre corps et fait diversion sur l’esprit. Faites dans la mesure : ne pensez pas d’emblée à quelque chose de compliqué ou de tellement ambitieux que votre assiduité en souffrira ! La marche peut très bien faire l’affaire, comme le running, le Pilate ou le yoga. Si l’acupuncture et l’hypnothérapie n’ont pas fait leurs preuves scientifiques, elles font partie de la panoplie des thérapies qui apaisent et procurent du bien-être. Le coût des séances est à votre charge. Pour celles et ceux qui ne fument pas, on évite les endroits enfumés : le tabagisme passif n’est pas sans incidence. Pour les pratiquants de la cigarette électronique, les données scientifiques actuelles sont insuffisantes pour juger de manière objective de son innocuité ou de son efficacité dans le cadre du sevrage tabagique. En l’absence de données irréfutables, la prudence est d’appliquer les mêmes conseils que ceux donnés pour la cigarette traditionnelle. A une exception près : quand la cigarette électronique est une étape vers le sevrage tabagique, la Société Française de Chirurgie Plastique Reconstructrice et esthétique recommande de ne pas « décourager l’usage de la cigarette électronique avant une chirurgie programmée chez les patients l’utilisant » à cet effet.
  • Vous fumez du cannabis ? La même règle s’applique face aux mêmes risques : il est préférable d’en interrompre la consommation plusieurs semaines avant toute intervention. Pour vous accompagner dans ce sevrage et en fonction de votre addiction, de son ancienneté, de votre état psychologique et/ou physique, vous pouvez bénéficier d’un « sevrage résidentiel » – dans un hôpital ou un centre de soins spécialisés – d’un « sevrage ambulatoire » – vous restez à votre domicile, vous poursuivez un traitement et vous rendez à des consultations médicales rapprochées – ou en « hôpital de jour », à mi-chemin entre les deux premières prises en charge. Dans tous les cas, consultez votre médecin traitant.

Cet épisode pré-opératoire vous a permis d’arrêter de fumer et d’envisager de poursuivre l’arrêt après la reconstruction. Bravo, c’est très courageux de votre part ! Vous pouvez désormais envisager la prise en charge pour continuer sur cette lancée. Plusieurs stratégies comportementales et cognitives s’offrent à vous au-delà des substituts plus classiques : techniques de la relaxation, approches cognitives destinées, avec l’aide d’un thérapeute, à déconditionner les gestes ‘automatiques et à gérer votre stress, les « techniques d’ajustement et de la prévention de la rechute » qui consiste à anticiper les situations susceptible de générer une envie de fumer et d’y répondre par « le développement de compétences sociales et de pratiques cognitives de résolutions de problèmes », …

Pour envisager le soutien qui correspond le mieux à votre personnalité, n’hésitez pas à consulter le site « tabac info service » ou votre médecin généraliste. Sa proximité offre une relation privilégiée, il peut vous accompagner avec bienveillance en fonction de votre personnalité et de votre mode de vie dans cette étape de consolidation.