Préserver ma qualité de vie quel que soit mon choix de reconstruction

Préserver ma qualité de vie quel que soit mon choix de reconstruction

Après une reconstruction, il va falloir se réconcilier avec ce nouveau corps, l’accepter, l’aimer. 

Il faut  intégrer que le corps « source de violence » doit (re)devenir « source de plaisir ».

Ce n’est pas toujours simple, car, contrairement à une chirurgie esthétique, cette chirurgie réparatrice vient, comme son nom l’indique, réparer une blessure. Cette blessure étant le cancer, la reconstruction sera toujours liée à la maladie. Certaines sont ravies et disent même que « c’est mieux qu’avant ». Mais pour d’autres, ce sera vécu comme le rappel d’un traumatisme. 

Le meilleur ami pour atténuer, voire effacer cette période douloureuse, est le temps. Et pour accélérer ce temps, on peut faire appel à tout ce qui aide à la réappropriation du corps : danse, massage, yoga, relaxation, méditation…Le principal étant d’être patiente et indulgente avec lui, il a souffert et mérite de retrouver respect et bienveillance.

Mais parfois, ce n’est pas si simple et de nombreux problèmes peuvent se poser :

La sexualité

« Je n’ai plus de sensation », « mon sein est froid, dur… », « mon sein ne me donne plus de plaisir », « je n’ai plus envie qu’on le touche », « je ne veux pas le montrer »… ; autant de phrases qui reviennent régulièrement. Et pourtant, ce nouveau sein, s’il est bien accepté, est capable de procurer des sensations et du plaisir. Peut-être pas les mêmes qu’avant mais d’autres qui peuvent être tout aussi agréables. Cela dépend de la façon dont il est accepté et de sa capacité à l’imaginer, à le fantasmer. Il en est de même pour le (a) partenaire qui trouvera du plaisir à le regarder et à le caresser en fonction de ses propres projections et fantasmes. N’oublions pas que « désir, plaisir, libido » sont des notions d’ordre essentiellement psychologiques et que les organes sexuels se situent dans le cerveau ! 

Il n’y a pas de honte ou de gêne à parler de sexualité à votre équipe soignante et à demander à vous faire accompagner par une sexologue si vous en ressentez le besoin.

Ma reconstruction est « ratée »

Pas de panique, il est presque toujours possible de reprendre une reconstruction. Il faut en parler avec le chirurgien (voir en changer) pour évaluer ce qui ne va pas.  

Cela dit, l’image que l’on a de soi et, par conséquent, de sa reconstruction, peut être très subjective. « On la vit » comme étant ratée. Il faut essayer de pointer ce que l’on trouve de raté et quelle serait la « reconstruction idéale ? ». Si on ne trouve pas de réponse, cela vaudrait la peine de se faire aider pour accepter cette reconstruction et, au-delà de cette dernière, accepter la maladie. Ce qui est important, c’est comment on se voit soi-même. Car c’est à partir de ce constat que l’on pourra travailler l’image de soi et la réconciliation avec soi.

 Il arrive également que le sein reconstruit n’ait pas encore eu le temps de trouver sa forme définitive et qu’au fil des semaines, il finisse par vous satisfaire. Question de patience même si ce n’est pas facile…

Mais malheureusement, il peut arriver que la reconstruction soit vraiment ratée. Dans ces cas, il ne faut pas hésiter à consulter à nouveau son chirurgien ou même à prendre un second avis. 

Je ne suis pas contente de ma reconstruction même si tout le monde la trouve superbe

Peut-être est-ce parce que vous ne l’avez pas acceptée ? Quand le processus entre l’annonce de la maladie et l’intervention chirurgicale est trop rapide, il est parfois difficile de réaliser que l’on a eu un cancer. D’autant plus si l’on a échappé à la chimio et à la radiothérapie. De ce fait, on projette indirectement sur ce sein tout ce qu’on aurait dû projeter sur la maladie : rejet, peur, angoisse, etc. Il devient le symbole du cancer, le deuil non élaboré, le mauvais objet ; il rappelle ce que l’on s’est empressé d’oublier, cette expérience furtive que l’on a vécue juste comme une « mauvaise grippe ». Alors bien sûr, on ne l’accepte pas, on le rejette, on le déteste comme témoin de l’inacceptable.

Mais bien sûr, on peut retrouver ce même rejet quand le parcours de soin a été plus long. Encore une fois, la manière dont on se voit est très subjective. Il ne faut pas hésiter à se faire aider par un (une) onco-psychologue afin d’identifier les raisons de ce rejet.

Je suis célibataire, comment expliquer ma reconstruction ou ma « non reconstruction » à un homme (une femme) que je peux rencontrer à l’avenir.

Cela dépend de chacune et de chaque type de rencontre. C’est du cas par cas. Ce ne sera pas la même chose si c’est une rencontre d’une nuit ou une rencontre d’une vie. Dans le premier cas, on n’est pas obligé de tout raconter, c’est selon son envie du moment.  Dans le deuxième cas, on finira bien par en parler un jour ou l’autre ou encore le compagnon s’en apercevra peut-être de lui-même. Et alors ? Ce n’est pas une honte. Les parcours de vie ne sont pas tous les mêmes et personne n’est à l’abri d’un accident, que ce soit la maladie ou autre. Dans l’idéal, il faudrait pouvoir en discuter de façon tout à fait naturelle et même avec un brin d’humour. Mais chacun fait ce qu’il peut et comme il peut. Si la personne en face tient vraiment à vous, ce n’est pas ça qui l’arrêtera. Sinon, c’est que ce n’était pas la bonne…Certes, c’est douloureux, mais c’est un bon test !

Texte écrit par Catherine Adler-Tal, oncopsychologue et sexologue – association Etincelle